Editorial de Janvier 2016
Les tribulations de Tante Yvonne au réveillon
Je ne vous ai encore pas dit que Tante Yvonne est une grande amie, nous avons environ le même âge (grand...), et nous entendons à merveille. Aussi, hier, me confia-t-elle sa dernière histoire vécue, et je m'empresse donc le lendemain (traduire :aujourd'hui), de la diffuser. Mais promis-juré, ne répétez pas ! Je lui laisse la parole :
J'étais bien contente, parce que j'avais reçu un message de ma fille : « nous venons tous au réveillon, pour 4 jours. Je te prépare une liste d'achat. ».
Heureuse surprise, parce que, normalement, ma fille fête Noël du côté de chez elle, dans sa 2è patrie, près de Paris. Avec enfants, petits enfants, brus, etc. Le « etc » englobant les proches des brus, cette abréviation de facilité ne sousentendant en aucun cas des valeurs négligeables. Bon, me dis-je, avec Juju et sa chérie, on sera donc à 5, à 6 si on compte Mouss, le chien. Ce qui me fit penser qu'il fallait d'urgence que je bloque, pour Yack, sa place, à la pension. Ce qui fut fait. Chaque fois qu'un événement de ce genre se produit, j'ai recours à Mr R...patron d'une agréable pension, près de Metz, où les chiens ne reçoivent aucun somnifère pendant leur séjour, et où ils bénéficient aussi d'un abri complet en hiver, et pas seulement d'une niche dans un enclos ouvert à tous vents. Et Yack semble manger correctement ces jours-là, alors que Mouss, dans les mêmes circonstances, fait, paraît-il, la grève de la faim.
Et comme Yack, le géant, ne ferait qu'une bouchée de Mouss (le moustique), c'est le plus fort qui s'efface, selon les règles de la culture canine.
J'avais reçu la liste et avais débuté mes achats. Naturellement j'avais d'abord visé « les denrées pas immédiatement périssables » , du genre farine, tapioca, potages, sucre, café, gâteaux secs, chocolat, pâtes, huile, mayonnaise, moutarde, sel, vinaigre, confiture, beurre, papier hygiénique, papier torchon, lessive et serviettes jetables.
« Ils viennent à 4, pour 4 jours », avais-je dit, fièrement, à la caissière. « Avec leur petit chien » mais c'est sans problème. Le problème, c'est qu'ils seront au moins à deux à fumer –(mon gendre et Juju..)alors, ça rentre, ça sort, tout le temps, ça me tue » ! Parce que dans ma maison, il y a 6 portes, et toujours l'une ou l'autre qui reste entrebaillée, avec un fumeur, un pied dedans, l'autre pied dehors ...baaafff... »
La caissière, qui connaissait une partie de ma vie, dont je dévoilais chaque fois un petit bout, entre le passage de 2 clients, s'enquérit alors de mon gros berger : « Et le vôtre, il s'arrange avec tout ce monde et l'autre chien !? ».
« Oh, basta, il s'en va en pension, cela me fera un peu de repos ! »
Le lendemain, Juju, l'un des grands fils de ma fille, me téléphone : »coucou, Mamie, tu sais qu'je viens, OK, mais est-ce que je peux emmener aussi mon chat !? »
« Heuh, bien sûr, oui oui, bien sûr, m'empressai-je de répondre...Mais que va-t-on en faire, par rapport au chien » !?
« Heuh;;;ben écoute, on les attachera... »
C'était plus vite dit que fait, je savais bien que les deux-là n'avaient aucune habitude l'un de l'autre, sauf pendant une heure ou deux, en de rares occasions, Juju s'était enquéri d'un chat depuis qu'il avait quitté le domicile familial pour « se mettre ensemble » avec sa chérie.
Dans ma tête, ça carburait fort pour solutionner l'histoire de la chèvre et du chou. Sur ce, là-bas, ils crurent avoir trouvé la solution : on mettrait le chat simplement dans l'ancien salon, et tout le monde serait tranquille, pas besoin de surveillance. Sauf que dans l'ancien salon, il y avait entassés tous les costumes de théâtre et les décors, et coussins assortis, etc.(tu sais bien, Simone, que je m'occupe d'une troupe de théâtre, entre deux passages auprès de la caissière du supermarché...), et non seulement j'étais effrayée à l'idée du chat se faisant les griffes sur les costumes, les perruques et les chiffons, mais j'étais un peu pincée aussi à l'idée que tout cela se gérait au loin, depuis Paris, sans connaissance véritable ni étude de terrain préalable. Tu comprends, Simone, ils m'auraient dit : « Est-ce que ça gênerait si on mettait le chat au salon ? » j'aurais peut-être envisagé de faire un petit déménagement – rien qu'à l'idée, ce boulot m'effraye d'avance – mais, bon, j'aurais peut-être dit : « faudrait qu'on essaye de s'arranger autrement »...mais du coup, là, j'ai juste dit : »ça n'ira pas, because...etc... » Par contre je proposais pour le chat :
le 1er garage, le 2è garage, la chambre des jeunes, et dans ma panique, je pointais les 6 portes du doigt, mobilisée par les fumeurs, en avertissant : « faudra faire gaffe que le chat ne se sauve pas, dans les portes entrebaillées... »
J'admets que j'avais placée une certaine méchanceté dans ces « portes entrebaillées ». Depuis que mon gendre, à longueur de journée, une fois par an, en principe (dois-je dire « heureusement »!?), circule, dans la maison, du jardin à la cuisine, et du garage à la rue, avec, toute la journée, au bec, une cigarette, éteinte, qu'il allume, dehors, et remplace 60 fois dans la journée par une autre, tirée voluptueusement d'un paquet toujours pas encore devenu neutre, pendant que moi-même détourne le nez pour ne pas respirer 60 fois par jour les molécules de tabac qui s'obstinent à se faufiler entre les portes entrabaillées, je m'étais simplement conditionnée dans un réflexe-tic « antitabac », pendant que lui-même se l'était fabriqué à l'inverse.
Du coup, Juju, mon grand-petit-fils, me maila, très digne : « Salut-la-famille' , je ne viens pas ! » Du coup, je m'écriai : « Qu'est-ce qui se passe !? » Et du coup, il répondit : « Je n'admets pas que mon chat soit confiné dans un garage froid et humide, alors que tu disposes d'une maison de 250 mètres carrés de surface »...Emmm...je m'aperçus que la chose avait été étudiée de près, décamètre à l'appui...
En bref, un mot chassant l'autre, Juju concéda de venir pour le réveillon de Noël,(Ahhh, voilà qui était bien parlé!)... mais de repartir le lendemain après le petit déjeûner...ahhhh...voilà qui était très mal parlé...si encore il avait daigné accepter le repas de midi...Mais non, en grand seigneur il acceptait de m'apporter ses cadeaux, de faire un voyage-éclair, de trinquer ensemble en consultant son chrono, et de repartir en courant, son devoir familial accompli.
Du coup je protestai...et du coup il trancha : « Finis, je ne viens pas ». Sa chérie, forcément, étant solidaire forcée de cette décision, il restait ma fille, et mon fumeur de gendre...Plus le chien, le leur, et moins le chien, le mien.
Du coup, ma fille, forcément, ne viendrait pas, car comment aurait-elle pu accepter la métaphore que « son chien chassât le chat du fils » !? Heureusement, une panne de voiture aplanit totalement ce cas de conscience un peu gênant : ils ne pourraient pas venir, eux non plus ! Je proposais, encore d'assez bonne humeur, qu'ils viennent me voir pour Nouvel-an, la voiture serait réparée. Mais, je l'avais oublié, Nouvel-An se fête toujours entre amis, avec ou sans panne de voiture. C'était donc
partie remise pour Noël 2016.
C'est là que, du coup, je téléphonais à ma belle sœur pour passer le réveillon de Noël en famille, avec belle sœur, neveu, petits neveux, et nièce. Nous étions 8 à table plus un bon toutou boxer, qui me rappelait mon yack par ses façons. Lequel Yack, du coup, passa Noël chez lui (dans le garage proposé au chat...). J'avais bu un petit peu de champagne, m'étais gavée de foie gras et autres joyeusetés, et la porte avait été ouverte puis refermée une seule fois, par une fumeuse du genre modérée. J'avais passée une nuit pas vraiment mauvaise sur un clic-clac plutôt inhabituel, et ma gentille belle-soeur s'était fendue en 4 pour improviser un petit déj honorable le lendemain vers 10 h. J'avais remercié, j'étais rentrée à la maison. J'avais retrouvé Yack sur le moment de midi (j'avais supplié ma belle-soeur pour qu'elle me laisse partir). J'avais comploté dans ma tête de ne pas retourner le lendemain à la même caisse du supermarché où j'avais raconté, quelques jours auparavant, que j'aurais « 4 personnes à Noël pendant 4 jours ». Cette mésaventure finirait par être rapidement oubliée de tous. Et moi même, dans quelques temps, n'y attacherais plus non plus une grande importance.
J'oubliais : »Juju m'envoya, le jour de Noël, un mail : «Malgré notre différent, je te souhaite un Joyeux Noël»...
De quoi se plaint le peuple !?
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