Éditorial de Janvier 2018
"On y arrivera"
Le voilà enfin qui manifeste un véritable intérêt pour le sac à main en peau de veau. J'ai pris soin d'en découper toutes les fermetures-éclairs susceptibles de lui blesser les gencives, et un bruit rassurant me parvient depuis le fauteuil du bout de la pièce : bébé étripe le sac à main et non pas le fauteuil.
Je préfère cela que l'étripage du matelas du transat, transformé pour la circonstance en couche pour la nuit.
Certes, bébé Beauceron disposait d'un panier capitonné de coussins, faits d'un velours d'un noir profond, super-distingué. Mais il s'est avéré que Nadal (c'est son nom), hors de ma vue, depuis sa maison natale, dans les Vosges, avait, en attendant la venue de sa nouvelle maîtresse, tellement grandi en un mois que son nouveau « lit », BCBG, n'avait pas grandi au même rythme. A vrai dire pas du tout grandi. Alors, faute de mieux, en attendant de retourner chez Médor pour un nouvel achat, mieux valait utiliser quelques expédients. Sans compter que le nouvel achat risquait fort de subir très rapidement le même sort que le matelas du transat. En attendant de le mettre au lit (le bébé), je lui avait confié, histoire de le fatiguer un peu, le sac à main en peau de veau, acheté l'autre fois aux puces, et qui me bottait beaucoup, en raison de ses multiples poches, dans une belle peau beige si souple qu'on avait presque envie de mordre dedans. Du coup « on allait vraiment mordre dedans » !
Tout en mordillant allègrement, mais sans méchanceté aucune, il était parvenu à en découper quelques lambeaux. Puis, du coup s'en était totalement désintéressé. Il devait avoir sommeil. Il était 20 h 45. Les fils qui pendouillaient dans tous les sens en dehors de l'ordi semblaient pour l'instant ne pas encore avoir stimulé son intérêt. (Ouff merci mon Dieu!) Pour le cas où – faute de mieux – j'avais décidé d'une vraie fessée ! Ses frères et sœurs, tous partis trop tôt (on part TOUJOURS trop tôt) n'avaient pas semblé être des acharnés des connexionx d'ordinateurs En ceci, j'avais bénéficié d'une certaine chance. Il est vrai que mes cris stridents, chaque fois que j'avais eu l'occasion de soupçonner un intérêt trop tangible, de la part de l'un d'eux, pour ces inesthétiques et indispensables prolongements de la vie sociale, avaient réussi à les en dissuader assez rapidement.
20 h 45 est une bonne heure pour coucher les petits – même géants. Après avoir balayé la cuisine, et le hall, pas trop sales, car inondés de pissette, plusieurs fois, ce jour, et de ce fait relavés et réessuyés plusieurs fois déjà, je m'étais remise devant l'ordi, ouvert depuis ½ h seulement. Nadal attendit que je me concentre sur mon énième phrase pour émettre depuis son lit de curieux miaulements parfaitement audibles censés exprimer sa totale désapprobation pour mes façons de faire.
Bon. Le 1er jour j'avais eu pitié. Il avait bénéficié d'un sursis jusqu'à 10 h du soir. Hier cela ne s'était pas trop mal passé non plus. Ce soir il fut gratifié une première fois de 2 douces bises plus caresses adéquates. Ensuite, après les 1er miaulements, il eut encore droit à 2 bises, plus appuyées, puis, comme il voulait forcer le passage pour entrer intempestivement dans « mes appartements », il eut droit à une tape qui lui fit possiblement un peu mal, sur la fesse, accompagnée de « ma voix des mauvais jours ».
Là, je tend l'oreille – et – pour l'instant, tout paraît calme. Je peux enfin reprendre mes esprits et faire l'inventaire des petites misères provoquées depuis 2 jours pleins par mon bébé géant.
Bambambam ! ...Ouaih ! Je ne le soupçonnais pas d'une telle curiosité : un carton d'emballage avait été éventré, et le polystyrène, conservé dedans « pour le cas où », avait été émietté dans tous les azimuts. Je ne pouvais que souhaiter qu'il n'en ait pas de plus un cataplasme dans l' estomac. Je sais bien que je pourrais, matériellement, placer Nadal dans une vraie chambre à coucher. Mais dans la mienne, outre la lampe de chevet et quelques coussins épars, que je pourrais placer à l'abri sur l'armoire, en attendant que la bestiole s'assagisse,je crains d'être réveillée au milieu de la nuit par un gros boum sur le lit, en plus des miaulements, et je sais d'avance que je vais détester. Dans les autres chambres à coucher, il y a également des couvertures et édredons en plus des matelas et sommiers, et quand bien même je ne percevrais ,pas le moindre miaulement, je sais d'avance que mon sommeil serait perturbé par l'angoisse de ne pas trop savoir quel serait l'état des chambres – et des lits – le lendemain matin.
Donc le mieux me paraît encore qu'il dorme pour l'instant dans l'un des ateliers-garages, quitte à transvaser au fur et à mesure « le fourbi », d'un garage dans l'autre. En attendant, j'ai demandé à Teddy d'évacuer la bouteille de butane de 5 kg, aux ¾ vide, pour éviter que bébé inventif ne la fasse tomber, un de ces jours, par terre, depuis là où elle se trouve, avec, à la clé, explosion possible, sans parler de l'incendie, bien sûr, ceci suivi d'etcetera pas anodins du tout !
En deux jours, un fusible a été remplacé 4 fois, mais il est avéré que « ce n'était pas Bébé Nadal » : c'était juste une pluie incessante ayant réussi par inonder la lampe détectrice extérieure. Pluie qui ne permet même pas de promener le bébé sérieusement sans avoir à faire sécher ses vêtements en même temps que le poil du chien. Pourtant, malgré le déluge qui s'obstine à tomber du ciel, bébé a fait déjà 6 fois, en deux jours, « pipi-dehors », et eut les encouragements adéquats.
Pour le vieux sommier, déposé sur le flan, contre le mur, et retrouvé éventré hier matin, j'ai juste un peu crié pour le principe : environ une demi brouettée de paille bien sèche. A ce rythme, il en a encore pour 8 jours avant d'avoir tout liquidé.
J'ai décidé d'aller en course et de le placer dans sa grande cage, afin de m'y accompagner en voiture. Nous venons, ce jour, de faire un 1er essai qui ne s'est pas trop mal passé. Comme j'en avais eu pour ¾ d'h à renouveler mes provisions au supermarché, à mon retour il me contemplat d'un œil boudeur et morne : Ouff !! : il n'avait rien cassé ! (Et même pas fait pipi sur sa couverture.)
Bambambam ! On y arrivera !
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