Éditorial de Mai 2018

Nadal et le muguet

Un premier Mai, tout semble facile. Si de plus, le soleil veut bien nous gratifier de quelques rayons tièdes, permettant quelques promenades sans parapluie, l'on pourra dire que le mois a bien commencé. Hier je croyais que nous étions en plein plongés dans les Saintes Glaces, mais non, nous étions juste la veille du jour où l'on va cueillir le muguet.

 

Quand l'on n'est inspiré par rien de particulier, l'on parle du temps. Du soleil. De la pluie. L'on peut parfaitement bien se trouver serein, voire bienheureux, d'être ainsi plongé béatement dans une ambiance sans soucis et sans désirs précis, un peu comme lorsqu'on est sur le point de s'endormir. (Ne t'endors pas, Simone, un certain boulot t'attend...!)

 

Mais l'on peut aussi ne parler de rien – se laisser tranquillement porter par ses pensées vagabondes – ainsi que je le fais présentement...

 

Possiblement je me retrouve là dans le creux de la vague, ayant surfé sur sa crête le temps de régler « les affaires urgentes ». Et me voici retombée dans le creux, un peu fatiguée, mais pas trop, un peu contente aussi de cet arrêt sur image qu'apporte à tous ce jour tout de même assez particulier : La fête du travail...Ah, quel bonheur, je n'en foutrai pas lourd aujourd'hui !

 

Juste, peut-être, aller cueillir quelques brins de muguet ? Si Nadal n'interpose pas trop souvent son museau humide entre mes doigts et les petites clochettes porte-bonheur...

 

Le bonheur, c'est quoi !? Franchement dit : c'est un sujet souvent traité en philo, mais curieusement,  même accessible aux enfants en bas âge : «  le sein nourricier », qui oserait le nier : c'est, pour bébé, le plus grand bonheur qui existe au monde !

 

On parle parfois de bonheurs fugitifs. Parce que, justement, le bonheur est par définition, un sentiment qui s'inscrit « dans la durée ». Par opposition au plaisir qui, lui, serait fugitif. Durée...brièveté...passé...présent...futur. Souvent, mes pensées aiment voguer dans des racoins, certes explorés, mais néanmoins mal connus. Je voudrais tant savoir mieux cerner toutes les choses qui m'interpellent : C'est tout de même choquant de s'entendre dire que le présent n'existe pas. Déjà, notre célèbre et talentueux Jean d'Ormesson l'avait dit. Mais de plus les savants l'affirment. Pour eux, non seulement le présent n'existe pas, mais le temps n'existe pas...du moins tel que nous le concevons dans notre cerveau, fort ignorant. Tenez, au moment où je termine d'écrire cette phrase, nous ne sommes déjà plus dans le présent. En fait nous n'y sommes jamais, car au moment où  l'on a conscience de se trouver dans l'immédiateté, celle-ci est déjà le passé. Brrr. En fait, non, cela ne me fait pas peur du tout, cela me fait rêver. Rêver à un super-cerveau, qui posséderait toutes les données pour être en mesure de prédire l'avenir. Tous les avenirs. Dieu, en quelque sorte !

 

Et sur ce, je m'avise qu'il est temps de m'occuper de la promenade de celui qui - censé me protéger - - dans l'avenir - est encore – pour l'instant - dans le présent donc - sous la protection – du moins alimentaire et pragmatique – de sa maîtresse – moi -

 

Tu n'iras pas manger le muguet que, très appliquée, je vais essayer de cueillir cet après-midi, Nadal !? Je sais – je te parle d'une façon un peu compliquée – le dresseur n'arrête pas – d'ailleurs - de le répéter (il faut du SIMPLE pour un toutou! Du direct!) : c'est pourquoi, d'ailleurs, je crie beaucoup...tac, c'est direct ! NON – PAS ! (intonations énergiques...) TRES BIEN PIPI DEHORS (intonations douces). « Mais franchement, Nadal, avoue-le (quand il avoue, il me jette un regard furtif, en biais, et baisse un peu la tête...)...avoue-le, tu es content, quelles que soient les paroles que je prononce, tu préfères le ton gentil, mais même le ton méchant, tu l'aimes aussi, parce qu'il te rassure: c'est la voix de ta maîtresse . Tu l'aimes, et c'est dans l'ordre des choses !

                                                                       La Présidente

                                                                       Simone SCHLITTER