Le pancreas, ce mal aimé
Est-ce lié à son nom, qui semble insolite – à quelques hésitations sur la prononciation – à un certain mystère – à un supposé rôle ambigu – à son positionnement « en dérivation » du tube digestif, à une réputation particulièrement sulfureuse (et pas vraiment imméritée...) à propos des cancers particulièrement fulgurants qui vont pouvoir l'atteindre !? Toujours est-il qu'il est surtout aimé des endocrinologues et gastroentérologues, et que le bon peuple fuit volontiers toute conversation le concernant d'un peu près... Celui-ci préférant de beaucoup s'entretenir du cœur (c'est lui qui est en première place dans l'imaginaire collectif) – ou encore s'entretenir des poumons – ou encore du foie, quitte à faire assumer à ce dernier organe souvent très innocent une part importante de responsabilité dans les indigestions des lendemains de fête.
Il est vrai que la plupart des gens ne poussent pas le masochisme jusqu'à tapoter sur internet dans le but d'une recherche poussée à ce sujet (au sujet du pancréas, disai-je!)
Mais trève d'humour. Je vais essayer de vous le faire connaître un peu mieux :
La question de l'agressivité des tumeurs du pancréas n'a pas manqué de se poser à ceux qui suivent d'un peu plus près l'actualité médicale. Personnellement j'ai connu un nombre relativement important de personnes ayant survécu à un cancer – mais jamais à un cancer du pancréas...Celui-ci me semblait donc effectivement particulièrement meurtrier, et, faisant à ce propos des recherches sur internet, je suis tombée sur un article édifiant, paru le 13-11-2014 dans SCIENCES ET AVENIR , article écrit par le journaliste-Santé Hugo Jalinière :
Dès que nous aurons l'autorisation de Sciences et Avenir pour publier un intéressant article paru sur ses pages, nous publierons cet article...donc...patience...
Peut-on vivre sans pancréas !?
Eh bien oui ! On peut. A condition d'être branché sur une pompe à insuline, laquelle va calculer en fonction du taux de glucose sanguin la dose à injecter, à intervalles réguliers, avec une grande précision. Car c'est le pancréas qui fabrique l'insuline, laquelle « régularise la teneur de notre sang en glucose. »
Certes, tout endocrinologue normalement constitué va devoir se sentir mal à l'aise en face de cette affirmation qui manque de nuances...
Pour ne pas que nous nous prenions tous les pieds dans le tapis, je vais donc formuler mes explications autrement :
Cet organe a 2 missions :
Première mission :
Celle d'injecter dans le circuit sanguin des substances qui vont régulariser la concentration du glucose indispensable d'une façon telle que l'excès sera stocké dans les muscles, et dans le foie, où il sera gardé en réserve pour « en cas de besoin ». D'autre part, en cas d'insuffisance de glucose, il pourra aussi envoyer un stimulant rapide obligeant les organes stockeurs à refournir un peu de leur stock au circuit sanguin. Car la concentration de notre liquide circulant se doit de rester constante, ou du moins proche d'une fourchette connue.
Privée de pancréas, la personne se trouve dans le même cas qu'un diabétique de type 1, et devra prendre de l'insuline à vie, à doses très pointues, au besoin par pompe électronique.
Les médecins, de ce fait, vont dire que cette première mission est « la fonction endocrine », ce qui veut dire que la glande pancréas injecte ses produits à l'intérieur de notre corps
Deuxième mission :
Celle d'injecter dans l'intestin, et plus précisément dans le duodénum, un ensemble complexe de produits permettant une digestion correcte des aliments déjà partiellement transformés dans l'estomac. Sans la secrétion de ces produits la digestion ne sera pas possible. On dira dès lors que le pancréas a aussi une fonction exocrine : la glande va éjecter ses produits à l'extérieur. (L'intérieur du tube digestif est bien le milieu extérieur, tout comme la cavité d'un tunnel est bien constituée d'air, c'est un trou, ce n'est pas la roche...)
Une personne privée de pancréas devra donc également être placée sous médicaments dans un but de suppléer aux enzymes (sucs digestifs) manquantes.
Le pancréas, étudié et disséqué sous toutes ses formes, est bien connu des sommités médicales. Il présente des parties distinctes (tête...queue...) et peut n'être amputé que d'une partie, et dès lors conserver, néanmoins, encore, un rôle fonctionnel, dès lors certes partiel, semblerait-il.
Les nombreux et complexes rôles du pancréas, en conclusion, peuvent certes, être compensés – plus ou moins partiellement sinon entièrement, par des médicaments adaptés et une technologie sophistiquée – et sous peine d'une surveillance très stricte – et de l'astreinte que l'on imagine...
Mais cela signifie-t-il qu'en cas de cancer, l'on puisse carrément envisager d'en faire l'ablation, avec, pour le patient, des chances de survie non négligeables ?
Ainsi que vu dans l'article de Sciences et Avenir, cité précédemment : les cancers du pancréas sont souvent fulgurants, et, sauf exception, peu décelables avant que des métastases envahissantes aient préfigurer un sombre verdict.
Pour clore, je cite un témoignage d'espoir réellement réconfortant :
Marthe Humbert
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