Les abus des antibiotiques
Nous croyons utile de copier-coller ici un texte original extrait de :
https://sites.google.com/site/tpebacterieantibiotique/antibiotique
Très riche d'enseignement il explique d'une façon simple par quels processus l'utilisation systématique et parfois (sinon souvent...) pas du tout opportune des antibiotiques permet la fabrication d'espèces de plus en plus résistantes. Ils sont prescrits "à tort et à travers", (c'est notre conclusion personnelle), souvent sous la pression des malades qui les demandent, voire les exigent,(voir l'extrait...) pour rhumes, rhinites, bronchites, alors que ces pathologies sont provoquées par des virus, insensibles par nature aux antibiotiques. Quant aux angines, elles sont souvent virales, et rarement des tests sont faits pour prouver qu'une angine est bactérienne au lieu de virale. (Le patient veut être soigné tout de suite). Les maladies citées (à virus) ne guérissent ni avec sirops, ni avec antibiotiques, elles guérissent toutes seules, mais il faut la patience d'attendre. Les médecins n'éduquent pas assez les patients dans ce sens. Un patient à qui on prend le temps d'expliquer clairement et gentiment cela n'en veut pas à son médecin de refuser la prescription - au contraire...
Y-a-t-il beaucoup de médecins qui le font ?
Les limites des Antibiotiques
Depuis leur découverte dans la première moitié du XXème, les antibiotiques ont montrés des limites dans leur utilisation, leur compatibilité avec l'homme et même dans leur durabilité. De nos jours, toutes ces limites constituent des défi majeurs voire des risques pour l'Homme. Nous verrons en détail quelles sont ces limites, et dans quelles mesures elle constituent des menaces pour la survie de l'espèce humaine.
1) Les limites de antibiotiques
Les antibiotiques sont très appréciés et populaires auprès des français, en effet, lorsqu'on leur demande quels inventions ont été les plus novatrices au cours des 50 dernières années, ils placent les antibiotiques en 3ème place (devant l'ordinateur et le téléphone portable) - sondage IPSOS. Cet enthousiasme entraine de plus en plus de français à utiliser le traitement. Ceux-ci sont les deuxièmes plus gros consommateurs d'Europe et talonnent de près la Grèce. On parle de 157 millions de boîtes d'antibiotiques commercialisées au cours de la seule année 2009.
Mais au delà de leur consommation massive, celle-ci n'est pas toujours justifiée. Une enquête IPSOS réalisée pour l'Assurance maladie en juin 2002 a révélé que 12% des consommateurs d'antibiotiques en avaient déjà pris sans prescription du médecin et que 34% les utilisaient pour soigner des symptômes grippaux, alors que la grippe est une maladie d'origine virale. Or par définition, les antibiotiques ont pour seul but de s'attaquer aux bactéries. Ils sont donc totalement inefficaces contre les virus, comme celui de la grippe ou de la bronchite. (Voir l'Utilisation des antibiotiques)
Cette vidéo est assez démonstrative des propos explicités juste au dessus. Tout d'abord, on constate que les personnes interrogées dans la rue ont une très grande confiance dans le médicament et l'utilisent assez régulièrement. Certaines personnes disent même demander parfois des antibiotiques à leur médecin, ces-derniers subissent donc la pression de leur propre patients et prescrivent parfois le traitement de manière abusive. Cela fournit une vision assez concrète du problème de consommation massive d'antibiotiques.
Il y a cependant un deuxième aspect dans cette vidéo. D'après les avis recueillis, les antibiotiques semblent le remède miracle qui soigne toutes les maladies. Or ils semble que les situations dans lesquelles ils les utilisent ne sont pas appropriées. Comme le confirme très justement le médecin, les antibiotiques n'ont aucune action sur les virus et ne soignent donc aucunement les infections virales. Les exemples que citent les passants comme le rhume, l'angine, la grippe ou la rhinopharyngite sont toutes des infections virales, dont le seul remède est le temps...
L'antibiotique n'a d'action que sur les bactéries, c'est ce qui le définit mais c'est aussi sa principale limite.
Mais les antibiotiques ont également une limite de compatibilité avec l'organisme humain. Cette limite est surtout rencontrée lors de la découverte d'une substance antibiotique. On compte environ 10'000 molécules antibiotiques, naturelles ou synthétiques, différentes; dont seulement une centaine ont des applications médicales. En effet, la plupart sont toxiques ou inexploitables, et donc incompatible avec l'homme. Ainsi une substance qui s'est révélée efficace sur une colonie bactérienne ne sera pas forcement utilisable sur l'homme. Une telle limite devient de plus en plus contraignante de nos jours, car on doit trouver toujours plus d'antibiotiques aux propriétés et aux modes de fonctionnement nouveaux (nous verrons pourquoi au cours de la deuxième partie).
Les cibles des antibiotiques, les bactéries, restreignent parfois elles même l'efficacité des substances destinées à les éliminer. En effet, pour être efficace, un antibiotique doit parvenir au contact de la bactérie. Or les différentes espèces de bactéries se caractérisent par une paroi de nature différente (voir Coloration de Gram) qui ne réagira pas au contact de certaines molécules. Ainsi la nature même de la bactérie et son appartenance à une espèce constitue une limite pour certains antibiotiques. Donc, quand bien même la maladie suggère la prescription d'antibiotiques, seules quelques molécules auront un effet. On dit alors que la bactérie appartient au spectre d'action (ensemble de bactéries réagissant avec la substance) de la molécule. C'est pourquoi une prescription est indispensable à l'utilisation du traitement, et qu'on ne peut pas se procurer n'importe quelle molécule chez son pharmacien.
Mais ces résistances naturelles sont connues et maîtrisées de l'homme, elles ne constituent donc pas réellement un problème sanitaire majeur. Il n'en va pas de même pour les les résistances acquises, dues aux mutations.
2) Résistance acquise et mutation
Si les bactéries "sauvages" présentent des résistances naturelles, les populations qui ont été en contact avec les antibiotiques font état de résistances acquises de plus en plus variées et surtout de plus en plus rependues. Ainsi des antibiotiques qui efficaces sur certaines population bactériennes voient leur action réduite voire anéantie. L'apparition de telles bactéries qu'on a de plus en plus de mal à éliminer, appelées bactéries résistantes voire multi-résistantes, pose un problème de santé publique majeur qui pourrait bien se révéler, à terme, dévastateur.
Dans le document ci-dessous, le médecin fait état de différentes choses que nous avons vues précédemment. Il parle tout d'abord de la "pression" causée par la consommation gigantesque d'antibiotiques accentuée par des prescriptions inutiles, et explique que cela fait apparaître des bactéries résistantes. En effet, lorsque l'on prescrit beaucoup d'antibiotiques on augmente les chances d'isoler des bactéries résistantes en éliminant celles qui sont sensibles, nous reviendrons plus en détail sur ce point.
Le résultat qu'il constate est une baisse progressive de l'efficacité des antibiotiques depuis qu'il sont à disposition du grand public, c'est à dire une cinquantaine d'année. Et ajoute que des antibiotiques efficaces autrefois ne le sont plus (comme la pénicilline). Nous verrons comment "les mécanismes de résistance" dont il parle se mettent en place et permettent aux bactéries d'inhiber l'action des antibiotiques.
Notons tout de même que la vidéo a un but préventif et s'adresse donc au plus grand nombre, ce qui explique le manque de rigueur scientifique du médecin (lorsqu'il dit que la pénicilline de "marche plus", par exemple)
Comme nous l'avons dit un peu plus haut, et comme le suggère l’interprétation de notre antibiogramme, des modifications génétiques permettent à certaines souches bactériennes d’échapper à l’actiond'antibiotiques auxquels elles sont habituellement sensibles. Aujourd'hui, pas moins de neuf staphylocoques dorés sur dix sont résistants aux antibiotiques et ne sont plus sensibles au même traitement qui les éliminaient il y a une dizaine d'année. La résistance aux antibiotiques résulte soit de mutations chromosomiques (modification de gènes déjà présents) et s'obtient donc de manière verticale (c'est à dire de la cellule mère à la cellule fille), soit de l’intégration de petits brin d’ADN circulaires (Plasmides - voir Bactéries) qui se transmettent de bactérie à bactérie et s'obtient donc de manière horizontale.
Le processus de sélection des souches résistantes est alors simple. L’administration d’un antibiotique détruit les bactéries sensibles, mais pas les mutantes qui résistent àson action. Ainsi, la population mutante isolée se multiplie et prend la place de la population initiale, par sélection naturelle. De plus, elles peuvent aussi transmettre leurs mécanismes de résistance à d’autres bactéries, favorisant ainsi le développement de nouvelles colonies bactériennes résistantes.
Bleu = Bactérie "sauvage", sensible aux antibiotiques
Rouge = Bactérie mutantes, résistantes aux antibiotiques
On observe ici une population "sauvage" de bactéries (toute en Bleu) qui ne présentent aucun gène de résistance aux molécules d'antibiotiques X et qui sont à ce stade complètement vulnérables à celles-ci.
A un temps donné, au fil des milliards de divisions de cellules, un événement tout à fait improbable et rarissime à eu lieu: une mutation. La bactérie mutée (Rouge) présente une résistance pour l'antibiotique X
Nous avons administré de cet antibiotique X, et il s'est révélé efficace car toutes les bactéries qu'il pouvait détruire on été détruites. Cependant, la bactérie mutante a, comme prévu, résisté. N'étant pas affectée par le traitement, elle continue sa division.
Avec le temps et de nombreuses générations plus tard, une nouvelle population peut être observée. Elle équivaut en nombre à la population initiale (sauvage), mais il y a tout de même une différence majeure: elle présente les mêmes résistances que la première bactérie mutante.
Nous nous retrouvons ainsi avec une population entière de bactéries résistante, que l'on ne pourra plus traiter avec l'antibiotique X. La bactérie échappe alors de son domaine d'action, son spectre d'efficacité (ou d'action) est diminué. L’événement étant rarissime, les probabilité pour qu'un tel scénario se produise semble très improbable. Or le nombre de divisions cellulaires par jour et la consommation importante -voire réflexe chez certains- d'antibiotiques font que différentes résistances apparaissent assez régulièrement. Puisque qu'à chaque résistance le spectre d'action d'un antibiotique est réduit, au fil des années certains antibiotiques deviennent quasiment inefficaces voire obsolètes.
La résistance à un antibiotique peut prendre plusieurs formes. En effet, les mutations subies par une population bactérienne peuvent survenir à différent niveaux et atteignent l'organisme bactérien de différentes manières. Le comportement de la bactérie au contact de la molécule antibiotique est changé, de telle sorte que celui-ci ne peut en aucune manière atteindre son objectif, et perd ainsi son efficacité.
Le schéma ci-dessous représente, de manière simplifiée, une bactérie et les différentes mutations possibles qui inhibent les effet de l'antibiotique (représenté à chaque fois par un point bleu)
1) Paroi "imperméabilisée": Les pores, par lesquels accèdent en temps normal l'antibiotique à l'intérieur de l'organisme, disparaissent. De ce fait, il ne peut tout simplement pas entrer, à cause d'une barrière physique.
2) Mutation du récepteur: Le récepteur est une protéine située sur la membrane de la bactérie qui va se "lier", donc réagir avec un facteur particulier (en l’occurrence l'antibiotique) pour le quel il est codé. Une modification de ce récepteur empêchera à l’antibiotique de réagir avec celui-ci, et la molécule ne pourra donc pas accéder à l'intérieur de la bactérie à cause d'une barrière chimique.
3) Enzyme: Une modification du génome de la bactérie peut avoir pour effet la production d'enzymes destructrices d'antibiotiques. Celle-ci aura pour effet de "casser" la molécule antibiotique qui pénètre dans l'organisme, changeant ainsi ses propriétés. L'antibiotique perd son action, alors qu'il avait pénétré à l'intérieur de la bactérie.
4) La pompe à protons: La plus rare, mais également la surprenante. L'antibiotique qui parvient à l'intérieur de l'organisme est identifié comme nocif est immédiatement éjecté, par le moyen d'une "pompe", appelée "pompe à proton".
Nous avons donc vu que la mutation génétique de certaines bactéries leur fournissaient des moyens de défense variés contre les antibiotiques. Nous savons également comment ces résistances se répandent et se multiplient au sein d'une population jusqu'à ce qu'elle soit totalement invulnérable au traitement. Ce traitement à montré ici son effet pervers et paradoxal: trop d'antibiotiques nuit aux antibiotiques! Cette limite, bien qu'elle ne soit pas la seule, n'est pas sans conséquences.
3) Les conséquences
Tout d'abord, comme nous l'avons vu, les français sont de très gros consommateurs d'antibiotiques et aujourd'hui nous nous rendons compte de la dépendance dans laquelle nous sommes tombés. Le fait d'avoir glorifié les effets remarquables de ces molécules nous en a fait devenir des utilisateurs compulsifs. Si bien que nous ne savons pas pour l'instant comment nous en passer.
Les conséquences sont donc d'abord économiques. Les patients, persuadés de l'omnipotence du traitement, en demandent et mettent la pression à leur médecin traitant pour qu'il leur prescrive des antibiotiques qui n'auront de toute façon aucun effet. Or, ces médicaments sont tout de mêmes remboursés au patient par la sécurité sociale. Si l'on considère les millions de prescriptions annuelles délivrées par les médecins (30 millions en zone urbaine), la perte se chiffre en millions d'euros chaque année.
Des abus ont également été causés par les médecins jusqu'au début du millénaire, ou des mesures de précautions ont été prises. Avec l'utilisation de méthodes très radicales pour venir à bout d'infections facilement curables de manière subtile,avec des molécules à spectre réduit. Ainsi les traitements préventifs à large spectre, répandus avant 2000 consistaient à utiliser des antibiotiques à large spectre d'action pour être sûr de toucher l'agent infectieux et les potentielles infections à venir. Cela revient à chasser une fourmi avec de la dynamite. Après des années d'usages à outrance, on a observé toute une panoplie d'organismes pathogènes ayant gagné des multi-résistances.
Des mesures ont été prises, mais pas assez tôt!
Les aspect de la résistance aux antibiotiques que nous avons abordés jusqu'ici sont assez théoriques. Or, selon l'OMS, les maladies infectieuses demeurent la seconde cause de mortalité dans le monde et la troisième dans les pays développés. En outre, la médecine moderne ne saurait se passer des antibiotiques, qu'il s'agisse de chirurgie, de réanimation ou de prise en charge des patients immunodéprimés (cancer, sida, greffes . . .). Mais si les bactéries pathogènes deviennent résistante, les conséquences sur la santé publique seraient désastreuse. Nous avons cités toute à l'heure l'exemple du staphylocoque doré, c'est également le cas du pneumocoque qui devient de moins en moins réactif au traitements. En outre, on estime qu'en Europe, chaque année, 25.000 décès et 2,5 millions de journées d'hospitalisation sont imputables aux résistances aux antibiotiques. On observe de plus une réapparition d'infections supposées éradiquées en France, telles que la Tuberculose ou le Choléra.
Nous pouvons même imaginer des scénario catastrophes:« Le cauchemar, ce serait le développement des bactéries multirésistantes en ville, explique Anne-Claude Crémieux (Chef de services des maladies infectieuses à Paris), car alors comment éviter leur dissémination ? Aujourd'hui, elles restent encore essentiellement confinées à l'hôpital. » Les victimes seraient en effet nombreuses: au vu du nombre déjà important de victimes des maladies infectieuses résistantes en milieu confiné, si l'on ajoute un facteur de transmission et une concentration de population importante, le bilan serait effroyable.
L'avenir est donc teint de doutes et d'amertume. Nos abus d'autrefois, sont regrettés et les mesures prises sont plus fermes qu'auparavant. Mais hélas, le fruit de ces années d'excès est là et il est meurtrier. De plus l'ombre d'une épidémie funeste rôde... Il semble que seul un domaine est privilégié par cet situation périlleuse: La Recherche.
L'antibiotique est de toute évidences l'une des avancées majeure du XXème siècle et constitue encore de nos jours un traitement plus qu'indispensables dans tout les domaines de la médecine.
Cependant, en le surexploitant, l'homme à mis au jour une limite dans son efficacité qui ne cesse de croître. Celle-ci constitue un danger pour l'humanité, mais également un défi: trouver des alternatives!
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