LA BOUCHE SECHE
LA BOUCHE SECHE
TANTE YVONNE
LA BOUCHE SECHE
Un jour quelqu'un m'avait demandé, un peu énervé : « Mais de quel droit vous prétendez que la vitesse de prise de vue d'un appareil numérique compact doit être au moins de 1/250 è de seconde !? Qui vous a dit ça » !
Je ne répondis pas. Cela n'eut pas intéressé ce monsieur de savoir que, du temps de la pellicule, mon réflex semi-automatique n'aurait pu éviter le flou de bougé, à une vitesse inférieure. Alors, dans la mesure où l'on n'avait pas de trépied sous la main, et où l'on prenait sur le vif...
Mais actuellement, avec le perfectionnement des techniques, probablement, cela devait, pour ce qui concernait les compacts (pour le grand public), se jouer au moins au 1/500è.
Mais j'énervais. Je semblais savoir trop de choses – pour mon âge : bien que celui-ci fut déjà passablement avancé, je ne portais aucune pancarte précisant que j'avais enseigné la photo, quelques années, en classe de 3è. Donc, pour rentrer dans le cadre, je devais logiquement ne rien savoir d'autre que d'appuyer sur le bouton du compact, et me laisser guider par sa préprogrammation.
De même de quel droit pouvais-je me permettre de parler « de la bouche sèche » !? Les bonnes femmes ne devraient jamais s'arroger le droit de parler de ces choses médicales sans avoir la permission du médecin ! Après, que risquait-on d'entendre !? (Je colporte les paroles d'une voisine, à propos de son époux...) :
« Un beau jour, en pleine après-midi, que constate le docteur !? Une glycémie montée en flèche...absolument affolante, et vous savez à quoi c'était lié, hahaha ! Parce qu'il avait mangé beaucoup de raisin à midi ! »
Quelle idée saugrenue, aussi, de s'être piqué d'une prise de glycémie, après un repas copieux, alors qu'on se savait non diabétique... ! (Faut le faire!)
Mais j'en reviens à « la bouche sèche ». Avec ou sans médecin pour le constater, une bouche sèche, c'est déjà fort désagréable en soi. Et elle n'aura pas attendu l'avis du médecin pour se rappeler à vous dans toute sa pénibilité : langue râpeuse, parfois compliquée d'aphtes, de gingivites...maux de gorge en prime - et la 1ère chose dont vont vous entretenir les sommités d'internet, c'est son nom tiré du grec: xéro...machin...Il ne manque plus tout – 2è chose : il existe une maladie qui consiste en un manque de production de salive...elle se nomme – heuh - bon – je ne sais plus – mais comme mon but n'est pas de vous aider à la soigner, j'occulte sans scrupule ce nom compliqué.
Et je ne porte pas non plus de pancarte précisant que – oui, quoi au juste !? : Ben que j'en ai bavé, avec ces histoires de salive ! (cas de le dire!) Vous savez ce que c'est, l'hypersalivation, chez quelqu'un qui est paralysé, qui ne peut plus ni avaler ni recracher ? Ben c'est la mort assurée, par noyade, faute d'une surveillance de tous les instants.
Ben oui, mes chéris, Tante Yvonne a aussi soigné longtemps, très longtemps, quelqu'un qui lui était cher ; cela donne une certaine assurance, et même un certain mordant, faute d'un diplôme universitaire.
Mais j'en reviens à cette salive, qui a beaucoup coulé, presque plus, encore que les larmes. Et paradoxalement cela m'a beaucoup instruite, aussi, sur son contraire : le manque. Et c'est ainsi que j'appris, à force d'enquêtes, que le manque de salive peut être grave. Notre salive, non seulement aide à digérer, mais est un outil naturel pour neutraliser les « mauvais microbes ». (Pourquoi donc les animaux lèchent-ils leurs plaies !?) Et, faute de ce lubrifiant, l'intérieur de notre bouche, et notre langue, se tapisseraient d'ulcères de frottement ! (Cela, il faut le savoir aussi avant que de se faire sectionner certains nerfs commandant la production de salive, précisément en cas d'hypersalivation - car c'est un aller sans retour...)
Enfin oui, cela n'est pas marqué non plus sur une pancarte, que Tante Yvonne porterait sur son buste – il faudrait une trop grande pancarte -
Mais bon : des aphtes visibles dans la bouche ou sur la langue ? Ou rien de bien visible mais des picotements désagréables ? Une gêne à la prise de parole, et même pour mâcher ? Et cela perdure et ne s'en va pas – des semaines durant... ? Plutôt que de penser à prendre « un médicament supplémentaire», pensez peut-être à en faire remplacer un qui pourrait être coupable de vous provoquer durablement ce gros inconvénient, pour ne pas dire pire, car les mycoses (dont les aphtes) se développent sur un terrain non protégé par une salive suffisante, ainsi que d'autres infections possibles (gingivite entre autres...)
Un très large spectre de psychotropes, neuroleptiques, anxiolytiques et Cie a pour effet secondaire, entre autres misères, de réduire l'émission de salive (en-même temps d'ailleurs que de gêner le travail de certaines autres glandes tout aussi utile). Même certains antihypertenseurs sont accusés (entre autres choses) de réduire la salive. La liste n'est pas exhaustive...
Petite précaution : ne jetez jamais les notices placées dans les boîtes de médicaments. Commencez par les lire avec la plus grande attention. Ne comptez pas trop sur le médecin pour vous signaler de lui-même les effets secondaires des médicaments qu'il vous prescrit. Il est d'abord prescripteur avant que d'être avertisseur. Notre société actuelle fonctionne énormément sur le « chimique ». Tout l'art est de savoir utiliser les côtés pratiques de cet état de choses en en contournant les pièges. Car il est indéniable que les médicaments « chimiques » sauvent des vies – tout comme il est indéniable que certains en ont brisé d'autres. Je ne me sens pas qualifiée pour faire un bilan positif-négatif. Simplement il faut apprendre à ne pas se couper les doigts avec des outils trop tranchants.
Si la lecture d'une notice vous fait suspecter un rapport entre votre bouche sèche et une prise de médicaments, proposez à votre médecin de remplacer ce dernier par un autre, supposé ne pas avoir le même effet indésirable.
A cela s'ajoutent bien sûr les méfaits d'une possible déshydratation : par manque d'apport d'eau ou par la fièvre. La vieillesse n'arrange pas les choses. Le stress non plus.
Et le tabac !? Vous auriez l'idée de souffler la fumée de la cigarette sur une coupure au pouce, pour en guérir plus vite !? Alors pourquoi le faire dans votre bouche !? (à moins que d'avoir perdu l'esprit...)
A part donc, agir en « s'abstenant », que peut-on faire d'autre ?
L'application de salive artificielle ? On peut toujours essayer. En aucun cas ce n'est sensationnel...et cela ne remplace pas non plus l'action enzymatique (de digestion) et bactéricide de « la vraie salive », sans compter que la salive artificielle n'est pas très lubrifiante. Encore mieux je pense : boire souvent, de petites gorgées. Essayer les boissons en gel à la pharmacie : le gel lubrifie mieux que l'eau « liquide ». De nombreux aliments « passent » mieux que d'autres : potages doux, veloutés, pas trop chauds – choisissez les bonbons qui vont vous faire le plus de bien, et sucotez... parfois, vous remarquerez que « ça va mieux ». Quitte à diminuer l'apport de sucre au dessert...(Je sais tout ça à cause de la chimio, laquelle provoquait pas mal de dégâts, dont aussi : bouche sèche...)
Et si le monsieur énervé pour l'appareil photo l'est toujours, petite confidence supplémentaire :
On ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs. J'ai eu le loisir d'en casser beaucoup...Alors, les omelettes, ça me connait, maintenant. Aux fines herbes, champignons, etc.etc.
Enfin, une idée me vient : si vous vous retrouvez un jour, avec, derrière l'oreille, un patch dont le principe actif est la scopolamine, sachez que celle-ci est en premier lieu utilisée contre le mal de mer. Secondairement elle va vous assécher la bouche, et, dans les hôpitaux, elle est utilisée à ces dernières fins, afin d'empêcher le râle des personnes mourantes. La scopolamine est en ceci très efficace, et parallèlement va provoquer rapidement des ulcères de frottement. On peut supposer que le lecteur n'est pas mourant, et ne souffre pas non plus de mal de mer, et que s'il lui arrive d'avoir « la bouche sèche », ce ne sera pas pour ces raisons-là – et si je devais me tromper, ben, voilà qui est fait, je donne le moyen, en cette circonstance, de rétablir « la flore buccale », comme on dit : vous enlevez le patch !
Blague à part, cette scopolamine n'est pas du tout...anodine !! Pensez-y à l'occasion, on ne sait jamais...
Et si vous alliez peut-être demander à votre médecin de vous prescrire, aussi, un examen du sang qui montrerait votre taux de vitamine D, et de différentes vitamines B, histoire de voir !? Vous prenez déjà tout cela, régulièrement, par voix orale !? Savez-vous que les IPP (ésoméprazole p.ex.), c'est à dire des protecteurs contre l'acidité gastrique – beaucoup de personnes en consomment - vont empêcher que votre corps puisse bénéficier de ces gélules de vitamine B 12 que vous absorbez, croyant bien faire ? Et que quand les stocks, dans le corps, seront épuisés, faute de nouveaux apports, toutes sortes de misères vont arriver ? A retardement, donc. Entre autres, fragilisation des os. Vous connaissez la suite ? : Pris de vertige, bing, bon, la suite au prochain épisode...
Et sur ce, Tante Yvonne réussit à finir sur le même mode qu'elle a débuté l'histoire (hors-sujet, je précise, pour ceux – rares j'espère – qui s'avéreraient un peu long à la détente)
A bientôt mes chéris – peut-être – si l'ardeur estivale du soleil qui s'emballe daigne s'apaiser toutefois.
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